«Depuis 1978, nous proposons à nos assurés un véritable challenge: ils assument les «cas bagatelle» et l'assurance prend en charge les dépenses lourdes».

Conséquence de cette philosophie, 95% des assurés d'Assura ont une franchise supérieure au minimum légal. Et ils ne reçoivent pas de feuille de pharmacie, considérée par J.-M. Bonjour comme «un encouragement à la consommation facile». Cela veut dire qu'ils paient eux-mêmes leurs médicaments, que la caisse leur rembourse ensuite.

Ces deux facteurs expliquent, d'après lui, les primes basses et la bonne santé de la caisse. L'an dernier, les réserves ont progressé de 8 à 15,1% (alors qu'Helsana est à 5,6%). Paradoxalement, la croissance numérique de la caisse est lente. Avec de telles primes, on s'attendrait en effet à une explosion des adhésions, ce qui n'est pas le cas.

réputation sulfureuse

«On souffre d'une réputation un peu sulfureuse, surtout aux yeux des pharmaciens et des médecins. Notre grand patron (Jean-Paul Diserens, ndlr) a l'habitude de dire haut et fort ce qu'il pense. D'autre part, le Suisse est attaché à ses habitudes. L'idée qu'il devra payer lui-même ses médicaments le dérange. L'avantage, c'est que nous avons un porte-feuille d'assurés de grande qualité», répond Jean-Michel Bonjour. A Fribourg, Assura compte 12 000 membres, et plus de 75 000 dans le canton de Vaud.

Pour les jeunes de 19 à 25 ans, par contre, elle est chère, les primes étant identiques à celles des adultes. C'est un choix que le directeur d'Assura justifie par le système de la compensation des risques: pour chaque assuré jeune, la caisse paie un montant élevé aux caisses qui ont des assurés âgés. Et les jeunes ne sont pas toujours les moins chers, les comportements à risques étant plus répandus à leur âge.

D'après J.-M. Bonjour, les autres caisses pratiquent des primes inférieures aux coûts pour attirer des jeunes qui resteront par la suite. «Ce qui est illusoire dans la mentalité actuelle.» Assura préfère appliquer des primes couvrant les coûts.